Histoire locale

Le safran

En 1879, Henri Chevaldonné, instituteur pendant 26 ans à Ondreville, précise dans son rapport annuel sur la situation de l'école publique adressé à l'Inspecteur primaire de l'arrondissement de Pithiviers  :  « le sol est en général peu fertile, la récolte de 1879 a été très médiocre. Ondreville est un pays de petite culture,on y cultive surtout les céréales,la vigne et le safran ; Cette dernière plante occupe la plupart des habitants une bonne partie de l'année. Dès le mois d'avril on retire une certaine partie des enfants qui sont occupés jusqu'au mois d'octobre à l'arrachage, au plantage et à la récolte du safran. »

Duhamel du Monceau, seigneur de Denainvilliers, homme de Sciences du Gâtinais étudie déjà la maladie du crocus satinus au « Jardin du Roy » et sa première recherche personnelle porte «  sur la mort du safran  ». Il publie dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de 1728 que la maladie est causée par un champignon parasite. Les bulbes deviennent rouges puis noirs et la terre est pleine de filaments violets.

Safran récolté à Ondreville

Le froid nuit aussi à son développement : toutes les cultures de notre région furent décimées par l'hiver rigoureux de 1879-1880.Replantés tous les deux ou trois ans, les bulbes orneront nos champs à l'automne jusqu'à la première guerre mondiale.

Sa culture n'est pas difficile quand il bénéficie d'un sol bien drainé sans saisons humides ce qui fait pourrir les bulbes. L'été il disparaît pour n'apparaître qu'en septembre octobre et les fleurs du crocus satinus s'épanouissent en début de végétation. Il ne demande pas de soins particuliers en dehors d'un bon sarclage.
C'est au moment de la récolte que le travail commence. Dans un océan de fleurs mauves, il faut, dès que la rosée est évaporée couper avec l'ongle la fleur à sa base et faire vite pour récolter dans son ensemble le champ car deux jours après il sera trop tard vu que cette fleur est éphémère. Le travail n'en sera pas terminé pour autant. C'est à la veillée qu'il faut procéder rapidement à l'épluchage à savoir séparer les stigmates rouges (partie femelle) du reste de la fleur. Ceux-ci déposés sur un tamis ou des journaux sécheront et prendront la couleur rouge sang caractéristique. On se réunissait autrefois dans des veillées mémorables pour faire ce travail fastidieux où on employait femmes et enfants. Il faut environ éplucher plus de six cents fleurs pour obtenir un gramme de safran de bonne qualité pour la cuisine.
Le coût de la main d'œuvre augmentant considérablement, sa culture sera pratiquement abandonnée après la guerre. De plus, la chimie sera en mesure de prendre le relais et fournir des colorants artificiels.

La récolte du safran

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